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Rodolphe au cœur de l'UTMB
7 Septembre 2015 - Christophe DHAINAUT (Membre commission Image & Communication)
Rodolphe au cœur de l'UTMB

UTMB 2015 – ultra trail du mont blanc

 170km / D+10100m

 Race report

Du 28/08 au 30/08/2015









Vendredi 28/08/2015 – Exceptionnel, différent, inhabituel … sur les courses habituelles nous courrons déjà de puis de nombreuses heures mais nous n’en sommes qu’au départ. Il y a énormément de monde, de partout. Pas d’accès possible et une chaleur suffocante. Cependant, nous réussissons à nous placer sur la ligne de départ. Finalement nous sommes un peu plus de 2650 à prendre le départ et 87 nationalités, 54% de français. Mais le plus impressionnant reste le public.

17h30 : Briefing, la pression monte. On nous recommande de prendre des précautions toutes particulières relatives à la chaleur et les écarts de température : protection, hydratation, …

17h55 Le départ semble imminent, la musique de Vangélis retentit une première fois, la tension dans le peloton est plus que palpable.

On s’encourage avec Alex, JC, Math’, Sev’ …18h enfin et c’est le départ. Le nombre de spectateurs semble infini, pendant les 8km qui mènent aux Houches les abords du sentier sont envahis de monde … Et ce n’est pas fini car cela se ressentira sur presque tout le parcours.

Je suis finalement parti avec Séverine et le rythme est sympa. Le démarrage de la course s’est déroulé magiquement alors que j’appréhendai les difficultés liées au nombre de coureurs.

Tout se passe magnifiquement bien si ce n’est ma frontale qui n’est pas réellement adaptée, car je devrai choisir entre avoir de la lumière et des piles, car la consommation est très importante (à peine 4h d’autonomie). Mais là encore beaucoup (trop) de chance, car les montagnes sont superbes, la pleine lune nous accompagne (avec des parties que nous courrons en éteignant les frontales pour profiter de cette magie) et Séverine m’éclaire avec sa frontale.

Séverine va se faire une entorse à la cheville, mais elle serre les dents et nous poursuivons ainsi jusqu’à la prochaine base de vie où le médecin pourra lui faire un strap en lui signalant que cela sera très compliqué de terminer. Mais il en faudra plus pour entamer son courage et sa force !

Nous arrivons tranquillement au ravitaillement de la Balme et tous les signaux sont au vert … ou presque. On se donne rendez-vous à la sortie du ravito avec Séverine, lorsque je suis pris d’une violente « gastro » : spasmes et vomissements très importants. Etait-ce l’eau des « vaches » à un ravitaillement improvisé ?

Tous mes vieux démons ressurgissent. La douleur, la peur, la perte d’énergie me semblent rédhibitoires … et pourtant, je m’étais promis de terminer cette course. Je pense aux heures passées sur le GR20 cet été avec Catherine, aux ballades en montagne avec Anaïs et Lisa à ma famille (mère, beau-père, frère, beaux-frères, neveux, nièces, …) à mes copains, à mes proches, … non je ne peux pas abandonner. Je ne cesse de me faire doubler et le moral en prend un coup.











Entre la douleur et la peur de revivre l’enfer de l’UT4M, j’annonce à Séverine que je vais arrêter. Elle m’encourage, me donne un vogalène. Je n’avance plus du tout. Elle ne veut pas me laisser ainsi en pleine nuit sans assistance et minimise les pertes de temps que je génère, alors qu’elle ne cesse de m’attendre ou de faire demi-tour pour me chercher. A ce rythme, je me dis qu’elle sera aussi pénalisée par ma faute et risque d’être hors barrière horaire. Ma décision est prise : je vais jusqu’au point suivant et j’abandonne. Je lui en fait part en lui disant que je n’aurais pas de problème pour atteindre le prochain point … sauf qu’elle a aussi des doutes, je tiens à peine debout. Elle ne veut pas de prise de risque inutile, et ne pas abandonner quelqu’un en danger. Finalement, la tension monte, mais elle respectera ma décision.

D’un certain côté je suis soulagé car le calvaire sera bientôt terminé, mais au fond de moi je ne veux par que cela finisse ainsi. La montée au col de La Seigne me semble interminable, car je n’avance pas, mais surtout mon esprit est autant torturé que mon corps. Les larmes ne cessent de couler … Me voici enfin au sommet, comme soulagé. Je pleure, j’ai mal, j’ai peur. J’informe les jeunes secouristes de mon abandon avec beaucoup de honte. Un jeune bénévole (Romain) va me prendre en charge et me mettre à l’abri dans une tente, car la température au sommet est glaciale avec le petit vent. Je tremble et les spasmes ne cessent pas. D’un côté je suis libéré, car j’ai vraiment trop mal et plus aucune force … mais je trouve pas juste que cela se termine ainsi.


Romain m’installe et me couvre avec 3 couvertures, une couverture de survie, un duvet … mais je ne cesse de trembler et d’être pris de convulsions. Il tente de me remotiver et il reste à mes côtés. Pris d’épuisement, je m’endors et il me réveille vers 7h30 pour me dire que je dois y aller, reprendre la route continuer mon chemin. Peut-être jusqu’au prochain refuge à 5 minutes, ou au Lac Combal ou à Courmayeur si je veux voir un médecin. Je ne comprends pas, j’ai la tête qui tourne, j’ai du mal à me relever et m’asseoir. Très gentil, il me fait sortir de la tente et me montre le soleil rasant sur les montagnes environnantes et la plaine du lac Combal. Il me montre que des coureurs arrivent seulement au Col de La Seigne pour me persuader de continuer. La montagne est tellement belle que je retrouve les sensations, les émotions du GR20, de mon amour de la montagne. Je fais le plein d’émotions positives. Je ne sais plus où j’en suis. Physiquement, je tiens à peine debout … mais je le remercie et lui dit que j’avancerai sur le chemin et après une accolade, je reprends mon itinérance. Je me dis que seul le chemin comptera peu importe pour le reste. J’avance à l’économie et suis encore pris de spasmes. Pas le moment de manger ou boire quoique ce soit. Je double des gens qui semblent être arrêtés … et petit à petit le mental reprend le contrôle. Quel plan adopter ? Gestion des barrières horaires, surveillance des sensations pour ne pas se mettre en danger et permettre d’atteindre le Lac et voir un médecin. La démarche peu assurée et ma faiblesse me rapproche de la barrière horaire. Il me reste alors moins d’une heure pour atteindre le campement que j’aperçois en contrebas, très loin. Cela ne me semble  pas jouable, mais je ne veux pas me stresser et je veux reprendre le contrôle. Première mission remplie : avec près de 20 minutes d’avance sur la barrière ce qui permettra de voir le médecin et faire un check rapide, avec un éclairage intéressant : le taux de sucre est correct. OK ma décision est prise : la solution de prendre du coca est validée, donc cela me permettra de tenir au minimum jusque Courmayeur.

Je reprends le chemin et apprécie la beauté des lieux, cela me réconforte et me redonne de l’énergie. Je trouve un tempo que j’estime suffisant pour ne pas être hors barrière, mais je ne peux pas forcer, car je suis trop faible. J’avance donc à l’économie en écoutant mes sensations, mon corps et en privilégiant la détente et la concentration. Très juste au niveau de la barrière horaire, je m’arrête très peu de temps au ravitaillement avant Courmayeur et à Courmayeur. De bonnes inspirations me viennent : pour retrouver la forme, je dois m’hydrater pour finir de nettoyer mon corps et prendre une boisson me permettant de maintenir un bon taux de sucre. Je rêve alors d’un bon diabolo citron que je prendrai au refuge de Bonnati. Cela me fera arriver avant mon heure planifiée et je demande au chef de poste si cela est autorisé d’aller acheter une boisson dans le refuge, car j’ai déjà marre du coca (et commençait de nouveau à me déshydrater) et j’imagine que je serai soumis à ce régime encore pour de nombreuses heures. Le Ok est donné et l’équipe du refuge très sympathique me prépare un bon diabolo grenadine. Les premières gorgées sont comme un électrochoc : du sucre, du liquide, des bulles … la tête tourne et je m’affale sur le comptoir … mais après quelques instants la forme revient, juste une petite aigreur d’estomac : je revis !

OK le process est maîtrisé, je vais donc poursuivre ainsi avec quelques stop dans des bars. Original … mais efficace. J’emmène maintenant un groupe direction Champex. Cela me semble facile, mais long et certains passages redondants et ennuyeux, même si les  montagnes environnantes sont majestueuses et les villages charmants et typiques.

L’arrivée à Champex se fait sans encombre. Vérification des temps et barrières horaires et je m’accorde 30 minutes de pause pour faire une sieste d’1/4 d’heure – 20 minutes. La forme est revenue : direction Trient. Cela me semble facile, trop facile, car je considère que l’arrivée est proche et je ne prends pas suffisamment de précaution et d’écoute de mon corps … Je vais le payer plus tard. Je suis plus préoccupé à estimer mon heure d’arrivée.

En arrivant sur Vallorcine, j’aperçois Hervé, Roland et Alex. Je suis super heureux et surveille la montre pour repartir. Cela va être le chant du Cygne. La fatigue cumulée, la non gestion des efforts et de l’hydratation des dernières heures va m’achever. La chaleur étouffante de la vallée va me faire beaucoup de mal, mais je n’en ai pas pleinement conscience. Je repars donc pour la montée à la Flégère, mais je ne réalise pas que je me mets en danger.

Arrivé au sommet je ne peux plus avancer, je n’ai plus de lucidité, je ne comprends plus où je suis. Je vais m’arrêter comme un zombie très longtemps et vais mettre plus de 2h30 pour atteindre Chamonix au lieu d’une heure annoncée. Je refroidis mon corps et ma tête avec l’eau de chaque ruisseau … Je souffre énormément.

Voici enfin l’entrée de Chamonix : la délivrance. L’arrivée est magique, des encouragements, du monde de partout !!! Le choc est aussi important, mais le bonheur est là ! D’autant qu’à l’arrivée, en plus de Marie, Roland, Hervé, Alex, Mathieu, Séverine, une surprise m’attend à l’arrivée : Romain du Col de La Seigne !


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